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A propos du travail de Hugues Bastin

 

         
J'ai commencé à peindre en 1994, j'avais alors quatorze ans. Je dis "commencer à peindre" mais ce n'est pas tout à fait juste, je devrais plutôt dire que j'ai commencé à éprouver le besoin de créer à cette époque. Bien sûr, au début, mes productions partaient un peu dans tous les sens et j'ai mis quelques années avant de me rendre compte que le sujet qui m'intéressait réellement était l'Homme. Je ne veux pas forcément parler de sa représentation mais plutôt de ce qu'il a dans le ventre, de ce qu'il a dans la tête. C'est donc ainsi que naquit la série "L'intérieur de mon ventre" dans laquelle j'ai cherché à représenter l'Homme tel que je le percevais. Je voulais le représenter comme une sorte de présence fantomatique, sans identité et la plupart du temps asexué, mais bourré d’émotions diverses, perdu dans un environnement qui le dépasse complètement mais qu’il tente malgré tout de maîtriser.


Je récupère mes supports à gauche ou à droite depuis toujours mais c'est avec la série "Un monde qui n'existe pas" que j'ai essayé d'affirmer ce fait en utilisant des objets ayant plus ou moins un rapport avec la vie quotidienne. Avec cette série,  j’ai voulu insuffler un petit brin de fantaisie dans mon travail. La première chose à faire était donc de créer un personnage à qui je pourrais faire subir à peu près tout et n’importe quoi. Mon intention était de rendre mon travail plus accessible à tout-un-chacun sans pour autant sacrifier mes idées pour la cause. Plutôt que de parler de l’Homme en tant que tel, j’ai décidé d’aborder ses manies, ses espoirs ou ses désespoirs, ses réussites ou ses échecs, en d’autres termes, j’ai choisi de parler de sa manière d’être plutôt que de l’être en lui-même. C’est, en quelque sorte, une espèce de réflexion sur la vie.


J’avais remarqué avec les séries précédentes que chaque personne, ou presque, peut donner une interprétation différente de ce qu’il voit, même si je cherche à donner un sens clair et précis à ce que je crée. J’ai donc décidé de mettre ce phénomène en avant avec la série "Quot capita tot sensus", d’où le titre de la série (qui signifie « autant de tête, autant d’avis »). Pour ce faire, j’ai choisi de démarrer d’une photo à laquelle j’associais quelques objets, chaque élément constituant un indice pour reconstituer une histoire, une sensation ou un fait. Les titres, comme d’habitude, étaient un indice de plus pour élaborer une interprétation. Je voulais montrer que, finalement, tout est relatif dans la vie, tout dépend des détails qui attirent notre attention.


Aujourd'hui , J'ai décidé de m'intéresser au rapport que l'Homme peut entretenir avec lui-même, avec les choses, avec les animaux, avec les Êtres qui l'entourent. Et, en fait, je crois que ce qui me préoccupe  plus particulièrement, ce sont les "détours de l'esprit", tous ces chemins de traverse que l'on emprunte pour arriver à nos fins, toutes ces idées, ces envies, ces obsessions qui, d'ailleurs, sont souvent en totale contradiction les unes par rapport aux autres.  En somme, tout ce désordre qui remplit nos têtes constamment. Cette nouvelle série se nomme "Capharnaüm". Pour être franc, ce qui m'a séduit dans ce mot, c'est que son étymologie (trouvée dans une encyclopédie Larousse des années septante) signifie "village de compassion" et que, avec le temps,  son sens a évolué pour devenir "lieu de désordre".  Cette espèce de paradoxe, de contradiction entre les deux significations m'a beaucoup touché même si, à présent, je m'en suis quelque peu éloigné.

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